NAMIBIE : Un tribunal invalide une loi criminalisant les relations homosexuelles

La loi héritée de la période coloniale criminalisant les relations homosexuelles en Namibie a été invalidée vendredi 21 juin 2024 par un tribunal de Windhoek, une décision saluée par la communauté LGBTQ.

' "Le délit de sodomie est déclaré anticonstitutionnel et invalide », a indiqué la haute cour de la capitale namibienne dans son jugement. Elle a déclaré également contraire à la Constitution « les délits de sexe contre nature"...

- « Nous ne sommes pas persuadés que, dans une société démocratique comme la nôtre, il soit raisonnablement justifiable de considérer une activité comme criminelle, uniquement parce qu'une partie, ou peut-être une majorité des citoyens, ne l'acceptent pas », ont considéré les juges de la Haute Cour de Namibie, ce 21 juin 2024. Celle-ci a invalidé une loi issue de la période coloniale qui criminalise les relations homosexuelles dans ce pays d’Afrique australe.

Cette décision fait suite à une saisie de Friedel Dausab, un militant namibien qui avait mis en cause la constitutionnalité des lois anti-LGBT. Il avait aussi demandé l'annulation de toutes les condamnations prononcées en vertu de cette législation.

Friedel Dausab a salué « un jour magnifique pour notre démocratie, notre pays et notre Constitution ».« Grâce à cette décision, je ne me sens plus traité comme un criminel dans mon propre pays, simplement à cause de qui je suis », a-t-il ajouté, dans un communiqué de l'association Human Dignity Trust qui soutenait l'action en justice.

Cette loi contre la sodomie nous a empêché d'accéder à certains services et particulièrement pour les jeunes hommes homosexuels, comme moi quand j'avais 25 ans, qui ont du mal à recevoir des traitements adéquats après avoir contracté le VIH, juste parcequ'il était si difficile pour nous de parler de notre sexualité pûbliquement, parcequ'elle était vue comme un crime.

La loi sur la sodomie interdisant les relations sexuelles entre homosexuels en Namibie datait de 1927, lorsque le pays était sous mandat sud-africain. Elle n'avait pas été modifiée depuis l'indépendance namibienne en 1990, mais était rarement appliquée.

Cette décision intervient dans un contexte d'intolérance croissante envers les LGBTQ+ en Afrique australe. Amnesty International pointe justement une augmentation des discriminations contre la communauté LGBTQ+ namibienne depuis un an, « sous l'impulsion de croyances et de leaders religieux..."

Source : ► rfi.fr - 21/06/2024

PHOTO : Namibie: première Gay Pride à Windhoek, le 29 juillet 2017