
Les autorités tunisiennes ont intensifié leur répression à l’égard des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI), procédant à des dizaines d’arrestations ces derniers mois, a déclaré Amnesty International mercredi 5 février...
Entre septembre 2024 et le 31 janvier 2025, dans les villes de Tunis, Hammamet, Sousse et Le Kef, au moins 84 personnes – principalement des hommes gays et des femmes trans – ont été arrêtées, détenues arbitrairement et visées par des poursuites injustes au seul motif de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelle ou supposée, selon l’ONG tunisienne Damj, l’Association tunisienne pour la justice et l’égalité.
« La récente forte augmentation du nombre d’arrestations visant des personnes LGBTI constitue un recul alarmant pour les droits humains en Tunisie. Personne ne devrait être arrêté, poursuivi ou emprisonné en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
Cette vague d’arrestations fait suite à une campagne en ligne de grande ampleur, qui a débuté le 13 septembre 2024, et durant laquelle des discours de haine homophobes et transphobes et des propos discriminatoires à l’égard des militant·e·s et des organisations LGBTI ont été diffusés sur des centaines de comptes de réseaux sociaux, notamment ceux qui soutenaient le président tunisien Kaïs Saïed.
(...) En Tunisie, les hommes gays et les personnes transgenres sont souvent arrêtés du fait de stéréotypes de genre, de leur comportement ou de leur apparence physique
(...) Les personnes arrêtées ont été placées en détention et poursuivies en vertu de l’article 230, qui érige en infraction les relations entre personnes de même sexe (pour « sodomie et lesbianisme »), et/ou des articles 226 et 226 bis du Code pénal, qui criminalisent « l’outrage public à la pudeur » et les actes jugés offensants pour la « morale publique ».
(...) « Les articles du Code pénal qui criminalisent l’”outrage public à la pudeur” ou les actes jugés “contraires aux bonnes mœurs ou à la morale publique” sont particulièrement dangereux car leur portée est trop large, leur formulation vague et ils ne respectent pas le principe de légalité, ce qui favorise un large champ d’interprétation et induit un risque de contradictions...
(...) Le 27 octobre 2024, le ministère de la Justice a publié une déclaration condamnant l’utilisation croissante des plateformes de réseaux sociaux telles que TikTok et Instagram pour diffuser des contenus « contraires à la morale publique », exhortant les procureurs à « prendre les mesures qui s’imposent sur le plan judiciaire et ouvrir des enquêtes contre toute personne produisant, diffusant, montrant ou publiant des données, des images ou des vidéos comportant des contenus portant atteinte aux valeurs morales ». Selon Damj, la déclaration du ministère a déclenché une campagne contre les personnes LGBTI...."
Source ► amnesty.org/- 06/02/2019
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