"La cyborg, héroïne féministe
"L’auteure Ian Larue rend hommage à cette humanoïde de science-fiction qui mute et renaît à travers les femmes
"Figure humanoïde hybride de la science-fiction féministe, la cyborg (contraction d’«organisme cybernétique») semble avoir gagné du terrain. La musicienne Janelle Monae dissémine depuis bientôt dix ans cette imagerie dans des albums spatiaux audacieux. Son avatar, Cindi Mayweather, androïde au genre fluide échappée d’un Metropolis régénéré, libère la ville de ses oppresseurs et, dans la foulée, prophétise le futur du R’n’B.
Figure de la transgression...
La lecture du Manifeste cyborg étant aussi revigorante qu’exigeante, la seconde vie littéraire que lui offre aujourd’hui Ian Larue est bienvenue. Focalisée sur «la liste H», une sélection de romancières de la Cyborg Culture des années 1970 sur laquelle s’est appuyée Haraway pour façonner sa théorie, Ian Larue nous embarque sur les eaux fertiles de ces fictions minoritaires. Si Octavia Butler (Dawn), Joanna Russ (L’autre moitié de l’homme), Monique Wittig (Les Guérillères) ou encore James Tiptree Jr (Par-delà les murs du monde) s’emparent des outils de la science-fiction pour fabriquer de nouveaux mondes – contre le sexisme et le racisme pour n’en nommer que deux – c’est bien d’abord parce que la cyborg trouble-fête est une figure majeure de la transgression.
(...) Sur une femme-chrysalide, l’injonction Libère-toi cyborg! sert de titre au dernier-né des Editions Cambourakis. Un slogan rempli d’espoir à l’ère où le #MeToo délie les langues. L’auteure de cet essai, Ian Larue, enseignante soixantenaire aux cheveux bleus née quand les femmes étaient privées de sciences, connaît par cœur ces corps-machines gynoïdes. Elle a étudié par le menu les filles-orques pilotes aux rêves sans limites, les héroïnes noires devenues ordinateurs interstellaires, les sorcières d’agrégats high-tech, les chiennes ou souris de laboratoires. Dans les romans mal connus de la science-fiction féministe des années 1970, la cyborg fomente déjà le renversement des codes et du pouvoir. Cette chimère est «humanimale» politique. A côté d’elle, Robocop et Terminator se tiennent par la main dans la rouille..." SOURCE ►ARTICLE à lire